Répondre à un drame humain

La consommation de drogues dures est une véritable plaie pour la société. Il convient pour une organisation politique de contribuer à trouver des moyens pour endiguer ce phénomène. La seule répression du trafic ne permettant pas d’enrayer l’usage des stupéfiants, des moyens de prévention doivent être mis en œuvre par les pouvoirs publics. Même si elle ne demeure qu’une solution parmi d’autres, la salle de consommation à moindre risque (SCMR) se révèle incontournable. Elle ne sera en aucun cas un lieu de non-droit et de légitimation de la consommation de ces drogues. Elle ne fournira aucune substance illicite aux drogués ; il s’agit d’encadrer des victimes de la toxicomanie durement dépendantes. Les personnes mineures ou débutantes ne seront pas acceptées et se verront proposer des cheminements alternatifs pour cesser leur addiction. Ces salles seront administrées par des professionnels de la santé qui essaieront, avant le passage à l’acte, de créer un dialogue avec les usagers et, au fur et à mesure de leurs venues à la SCMR, de les amener à une cure de désintoxication ou au commencement d’un traitement de substitution. Les toxicomanes méritent ces SCMR au nom de la valeur de la vie humaine et de la dignité due à celle-ci. Le but en dernier ressort est de permettre une réinsertion dans la vie sociale.

Prévenir un surcoût à venir à la charge des caisses d’assurance maladie

Le fait de s’injecter de l’héroïne ou d’inhaler de la cocaïne dans une cage d’escalier, dans les toilettes d’une chaîne de restauration rapide ou dans un squat crée des conditions des plus favorables à la transmission de maladies notamment celles du VIH et de l’hépatite C. La SCMR aura pour rôle de prodiguer un matériel adéquat à ses usagers pour éviter les risques de la consommation des drogues dures tels que la situation de dose létale ou l’inoculation des germes responsables dans le futur d’un traitement lourd et onéreux. Elle représente un moindre coût et doit à ce titre être considérée à la fois comme un moyen de contenir la consommation de stupéfiants et comme un investissement pour prévenir l’explosion de traitements à vie. Il nous faut être humain et pragmatique contre une idéologie moraliste et punitive qui provoquera un nouveau fardeau pour la sécurité sociale.

Rattraper le retard sur d’autres pays européens

En Allemagne, en Espagne, Belgique, Norvège et Suisse, au Luxembourg et aux Pays-Bas, les SCMR ont été expérimentées et de façon concluante ! Il existe aujourd’hui plus de quatre-vingts salles dans plus de vingt-cinq villes européennes. Les faits démontrent que ces salles réduisent la consommation et le rejet de seringues sur la voie publique, la petite délinquance et incitent les toxicomanes à entrer en cure. De plus, le fait de consommer en l’absence de stress dans une salle close permettrait de freiner la fréquence de recours à ces produits. Il ne manque à présent plus que la volonté politique pour ouvrir des SCMR dont l’expérience a prouvé leur vertu. La droite est divisée : Fillon a directement contredit Bachelot quand elle en a fait la proposition. Larcher, président du Sénat, a demandé une commission parlementaire. A nous citoyens d’être unis pour faire pression sur les pouvoirs publics pour qu’enfin les SCMR deviennent une réalité par un décret autorisant leur expérimentation.